En 1976, Harald Szeemann organise à la Kunsthalle de Bâle une exposition collective et itinérante qu’il intitule « Les Machines Célibataires ». Partant du Grand Verre de Marcel Duchamp, il la conçoit comme « la visualisation des angoisses, celles des célibataires naturellement (…) eu égard au hiatus entre vie partagée avec “l’autre” : hommes et femme, idée et vie, nature et art, Dieu et soi-même, croyance et incroyance aux couples antinomiques ». Comme il le fera dans toutes ses expositions, il s’attache à « saisir les énergies autant que possible à la racine » en montrant que « les comportements et les intentions sont ce qui compte, et non les produits finis ».

En 2018, plus de 40 ans plus tard, quelles angoisses font grincer nos imaginaires ? Quelles voies empruntent, pour faire forme, les énergies de ces artistes de générations et de territoires différents, qui partagent l’humour loufoque et l’ironie caustique de l’illustre Normand ? Occupant les trois niveaux de la Galerie Duchamp, ils déploient leurs mondes qui se frôlent, s’articulent, respirent – et nous percutent.