COUP DOUBLE

Alexis DEBEUF  La direction des doutes
Alexis Debeuf est sculpteur. Il fabrique des objets avec d’autres objets. Ce sont des objets de tous les jours mais tantôt ils sont démesurément agrandis, parfois distordus ou agencés étrangement. Ce n’est pas que ce soit des objets inutilisables, c’est qu’ils invitent à autre chose. Mais à quoi ?

Depuis 2010, Alexis Debeuf réalise une œuvre protéiforme qui s’exprime dans l’installation, la performance, la sculpture, la photographie ou l’édition. C’est une pratique qui relève tout à la fois de l’expérimentation, parfois du bricolage ou au contraire de l’artisanat, des savoir-faire techniques, voire de l’ingénierie. Ses œuvres, par exemple, empruntent souvent à un vocabulaire vernaculaire et déforment — distordent, serait plus juste — l’usuel pour le rendre impraticable ou encore tirer de formes bien identifiées des objets aux aspects inconnus et inattendus. Pour son exposition à la galerie Duchamp, Alexis Debeuf s’est amusé à parcourir le Pays de Caux, à se jouer de ses spécificités, notamment architecturales — murs de brique et de silex, toitures… — ou des poncifs cauchois : la pluie (ne dit- on pas en Cauchois « y’r’pleut » pour parler d’une simple averse ?), le caractère soi-disant renfrogné de ses habitants ou de la propension à rester entre soi, à s’enfermer derrière ses murs, ses clos-masures et autres futaies. Car, assurément, l’œuvre d’Alexis Debeuf, s’amuse à distordre, à se jouer, avec humour, de notre réalité. On comprendra alors que derrière cet humour, parfois à la limite du potache, se dissimule bien plutôt des interrogations, des troubles, des doutes. Ce sont des planches de skate impraticables qui semblent nous dire que tout ne peut donc être aussi fluide que ce que nous pourrions penser — une manière de penser que peu de choses « roulent comme sur des roulettes » — que le paillasson géant sur lequel l’on essuie le dessous de nos chaussures n’est pas seulement une immense zone de nettoyage de semelles, mais invite à la rencontre, aux partages, à éliminer ensemble ce que le monde extérieur nous inspire. Cette exposition présentera une quinzaine de pièces anciennes et spécialement réalisées par l’artiste, notamment lors de sa résidence au lycée du bois à Envermeu. L’exposition sera l’occasion d’une édition d’un Petit format réalisé par l’artiste qui y montre une partie de ses recherches photographiques.
Alexis Debeuf a été, durant l’année scolaire 2024-2025, en résidence jumelage au Lycée des métiers du bois et de l’éco-construction d’Envermeu, en partenariat avec la galerie Duchamp Yvetot.

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Christophe TARKOS  247 euros de photocopies
Christophe Tarkos faisait des photocopies. Christophe Tarkos fabriquait des poèmes. Ainsi que des poèmes photocopiés et des photocopies de poèmes et de dessins qui pouvaient lui servir de modèles à d’autres poèmes qui, à leur tour, demandaient, de faire d’autres photocopies pour les partager au maximum de monde.

Poète de bout en bout, qu’il photocopie sa revue RR ou qu’il enregistre des cassettes, fasse des dessins, cumule des collaborations avec des musiciens ou conçoive des performances, il n’a jamais cessé de présenter ses œuvres comme de la poésie. De 1993 jusqu’à sa mort en 2004, il a publié dans une cinquantaine de revues pour embrasser autant de manières de faire de la poésie, tout en multipliant les situations pour, chaque fois, en redimensionner la pensée. C’est ainsi qu’il a pu prendre en charge des thèmes aussi variés que le ramollissement des pâtes dans l’eau chaude, l’obsolescence d’une phrase du 25 septembre au lendemain de sa fabrication, la dilution de la pensée dans le compotier dont elle parle, l’évolution du poids que subit le kilo que l’on nettoie, les 127 mots d’une voyelle et cinq consonnes ou le fait que «la poésie est une vraie boucherie». Au cours des vingt dernières années, les éditions POL ont publié cinq volumes pour mettre à disposition l’œuvre complète de Tarkos, augmentée de quelques inédits. En 2022, sous le titre Tarkos poète, David Christoffel et Alexandre Mare avaient conçu une double exposition (au FRAC PACA et au CiPM) qui traversait l’œuvre de Tarkos et ses chantiers parmi les plus structurants : Carrés, Ronds, Lignes, Contenants… Pour les 20 ans de la disparition du poète, ils proposent un concept original à la galerie Duchamp : entrer dans l’œuvre de Tarkos rien que par des photocopies à lire, à relire ou à rephotocopier soi-même. Tarkos pour tous.
L’exposition sera aussi l’occasion de pouvoir rééditer et rendre accessible, gratuitement aux spectateurs, des numéros de la revue RR réalisées en partenariat avec le Centre International de poésie (CIPM), les Calligrammes de Caen avec la complicité de l’ESAM. Enfin, le 30 novembre 2024, une journée spéciale débutera à 11h à la librairie La Buisonnière (10 place Victor Hugo, Yvetot) par une rencontre avec David Christoffel, co-commissaire de l’exposition, et à partir de 15h un set de performances musicales de Thierry Weyd et d’Eryck Abecassis (à la galerie Duchamp).

Avec le soutien de l’ESAM (Ecole Supérieure d’Arts & Médias de Caen / Cherbourg), du CIPM (Centre International de Poésie Marseille) et de l’IMEC (Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine). Co-commissariat de David Christoffel.
Remerciements à Valérie Tarkos et Micha Tarkos, Arnaud Stinès, Thierry Weyd (La Manufacture des cactées), Michaël Batalla, Nathalie Léger, Yann Dissez, à l’ESAM (Ecole Supérieure d’Arts & Médias de Caen / Cherbourg), au CIPM (Centre International de Poésie Marseille) et à l’IMEC (Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine), à Frédéric Boyer et Jean-Paul Hirsch des éditions P.O.L

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AUTOUR DE L’EXPOSITION :
27 octobre et 24 novembre de 15h00 à 17h00 : Dimanche à Duchamp. Un dimanche par mois, la galerie Duchamp vous invite à une visite commentée de l’exposition en cours, suivie d’un atelier et d’un goûter. C’est gratuit. Enfants et adultes bienvenus, sur réservation. Pour réserver : https://www.weezevent.com/dimanche-a-duchamp

30 novembre 2024 : journée spéciale Christophe Tarkos
11h Présentation et lecture de Morceaux choisis et autres morceaux choisis (P.O.L.) par David Christoffel à la librairie La Buissonnière, 10 place Victor Hugo, Yvetot
15h – 18h Performances musicales d’Eryck Abecassis (Tarkos Machine) et de Thierry Weyd (Récital), lectures, pétanque et discussions ; à la galerie Duchamp, Yvetot

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Les deux expositions s’accompagnent :
– d’éditions offertes lors de votre visite : Petit Format consacré à Alexis Debeuf, deux éditions spéciales Tarkos, Shuper, dépliant destiné au public de 8 à 12 ans, Artichouette, publication destinée au plus jeune public.
– d’un podcast Métaclassique : David Christoffel, créateur radiophonique et musicologue, co-commissaire, a réalisé un podcast en lien avec l’exposition. A écouter sur le site internet de la galerie Duchamp ou en suivant ce lien : https://metaclassique.com/ dès l’ouverture de l’exposition.

Accueil des groupes
L’équipe du centre d’art propose des visites d’exposition pouvant être suivies par des ateliers de pratique artistique en lien avec les œuvres présentées. Gratuit, sur rendez-vous. Renseignements et inscriptions : mediation.galerie.duchamp@yvetot.fr ou 02 35 96 36 90